Adolescents et réseaux sociaux : une relation contrastée

Jeune homme cache ses yeux avec son smartphone, dans l'arrière-plan il y a le logo de Facebook
pixabay.com

Les réseaux sociaux sont-ils bons pour la santé mentale des enfants ? C’est une question que parents et éducateurs se posent régulièrement. L’association Common Sense tente d’y répondre en publiant le résultat d’une enquête approfondie sur les relations complexes entre les adolescents et les réseaux sociaux aux Etats-Unis. Le résultat est nuancé.

Des effets positifs notables

Concernant l’impact des réseaux sociaux sur le bien-être des jeunes, les résultats sont positifs, parfois de manière étonnante. Il y a nettement plus d’adolescents qui se sentent plus confiants, mieux dans leur peau et plus populaires grâce aux réseaux sociaux que l’inverse. Pas de déprime ni de sentiment de solitude en vue, pour la plupart d’entre eux.

L’étude montre également que les réseaux sociaux ont un effet positif sur le bien-être des jeunes qui ont un indice de bien-être socio-émotionnel bas (SEWB). Cet indice, utilisé dans l’enquête, est basé sur des concepts comme le bonheur, la dépression, l’estime de soi, la solitude, les relations avec les parents. Les jeunes avec un SEWB bas se sentent ainsi globalement moins seuls et moins déprimés lorsqu’ils les utilisent.

Des effets négatifs à prendre au sérieux

En termes de communication relationnelle, le face à face a clairement décliné au bénéfice des différents moyens de communication digitaux dont font partie les réseaux sociaux. 54% des adolescents admettent qu’ils se laissent distraire par les réseaux sociaux lorsqu’ils « devraient accorder de l’attention aux personnes qui les entourent ».

Même si les jeunes sont plutôt lucides quant à l’influence que peuvent avoir les réseaux sociaux sur leur vie – 72% pensent que les entreprises qui possèdent ces réseaux manipulent leurs utilisateurs pour les pousser à passer plus de temps sur leurs ordinateurs et smartphones – leur capacité à réguler eux-mêmes leur usage des smartphones et autres appareils connectés est mitigée. En effet, une courte majorité les éteint ou les réduit au silence avant d’aller dormir… Ils sont moins nombreux à le faire durant les repas, les devoirs ou les visites familiales.

Plus inquiétant, deux tiers des adolescents avouent avoir été en contact avec des contenus racistes, sexistes, homophobes ou haineux. Il est donc important de sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge sur ces sujets : notre dossier sur le Hate Speech constitue un bon outil pour aborder ces questions.

Le « like » ne fait pas le bonheur

L’effet des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes dépend souvent de leur situation personnelle. Les parents qui désirent protéger leurs enfants de certains risques ou dérives doivent, par conséquent, toujours tenir compte de leurs profils singuliers.

L’étude montre précisément que l’impact des réseaux sociaux sur les adolescents est différent selon leur indice SEWB. Par exemple, l’étude révèle que 70% des jeunes avec un SEWB bas se sentent parfois abandonnés ou exclus quand ils utilisent les réseaux sociaux, contre seulement 29% des jeunes au SEWB élevé. Les « SEWB bas » sont aussi plus nombreux à se sentir mal lorsque personne ne commente leurs « likes » ou leurs publications. On constate des différences encore plus marquées lorsqu’on parle de cyberharcèlement via les réseaux sociaux. Sur ce point, l’étude donne la parole à Aija Mayrock, qui a publié « The Survival Guide to Bullying: Written by a Teen » (soit « Le Guide de Survie au Harcèlement : écrit par une ado »). Elle raconte ici, brièvement, son expérience de cyberharcelée et son investissement actuel pour dénoncer ces pratiques et promouvoir la discussion entre parents et jeunes concernant l’utilisation des réseaux sociaux.

Une utilisation en forte hausse

D’un point de vue quantitatif, on constate une forte hausse de l’utilisation des réseaux sociaux chez les 13 à 17 ans depuis 2012. En effet, en 2018, 70% d’entre eux utilisent les réseaux sociaux plusieurs fois par jour, contre 34% en 2012. 89% possèdent aujourd’hui leur propre smartphone, contre 41% en 2012. Paradoxalement, on constate également qu’une proportion non négligeable des adolescents n’utilise pas les réseaux sociaux (19%). Les chiffres montrent que les jeunes se détournent massivement de Facebook, qui n’a plus la cote que chez 15% d’entre eux. Ils se sont massivement tournés vers Snapchat et Instagram. Les études réalisées en Europe, et notamment au Luxembourg (TNS-ILRES), montrent des tendances comparables.